À partir
du signe ascendant
d'André Breton
Loreto Casado
Universidad del País Vasco
De l'Introduction au discours sur
le peu de réalité d'André Breton au dernier livre d'Annie Lebrun Du trop
de réalité (Stock, 2000) nous assistons à un véritable changement d'époque
et d'orientation culturelle dans laquelle il est difficile de reconnaître les
traces de ce qui apparaît encore aujourd'hui à certains yeux l'aventure
poétique plus déterminante du XXe siècle.
Il s'agit dans cette communication
de repenser le "signe ascendant" par lequel André Breton attribuait à
l'imagination le pouvoir de hausser le ton de la réalité. La démarche
analogique et le pouvoir d'énonciation du langage constituaient les moyens de
faire entrevoir la vrai vie absente, en dehors de toute rêverie métaphysique et
"sans tourner ses conquêtes à la gloire d'un quelconque au-délà".
A partir de l'inactualité du
surréalisme à notre époque, abordée par des écrivains comme Julien Gracq, Annie
Lebrun ou Jean Luc Steinmetz, inactualité que les réponses poétiques
postérieures à ce mouvement rendent particulièrement manifeste, il devient
nécessaire de rappeler la poussée imaginaire qui caractérisait le rêve
surréaliste, "une tension vitale qui a pour ennemis mortels le dépréciatif
et le dépressif", et d'approfondir les prolongements de cette affirmation
dans la création et dans la critique littéraire d'après 1950.
Ceci représente également d'évoquer
le surréalisme désancré de la littérature et de l'art, fidèle à l'élan poétique
libéré de toutes les servitudes, en commençant par celle du folklore et des
nationalismes. La fin du XXe siècle a redonné vie à des signes
d'identité que l'on croyait dépassés par la culture. Nous avons l'occasion de
souligner, dans cette rencontre, la vocation internationale et cosmopolite qui
guida l'esprit d'ouverture de l'avant-garde, et de le faire dans un espace
privilégié, les Îles Canaries, un des pôles du mouvement surréaliste.