Maryse Condé: religion et discours social

 

Monique Blérald-Ndagano

Université des Antilles et de la Guyane

 

            Mouvements de renouveau charismatique, sectes de toute sorte se multiplient de plus en plus aux Antilles, depuis quelques années. L’Antillais y cherche refuge et réconfort face à une société en crise et en pleine mutation.

Les écrivains antillais, eux aussi, exploitent cette ivresse populaire dans leurs œuvres. Cependant, certains d’entre eux, telle la romancière guadeloupéenne Maryse Condé (Prix Puterbaugh, Prix Marguerite Yourcenar…), n’hésitent pas à se moquer et à dénoncer ces mouvements de masse religieux. Aussi, les figures de religieux que l’auteur met en scène, qu’elles soient en terre africaine, européenne, américaine ou tout simplement aux Antilles sont assez provocatrices. Des criminels, des malades, des fantoches qui poussent le lecteur à s’interroger sur l’aliénation culturelle et spirituelle imposée par l’islam ou encore le catholicisme, sur le fanatisme développé par les sectes… Images et motifs bibliques, écriture proche du verset ou rappelant le souffle divin sont certes au service d’une méditation spirituelle, mais plus encore, ils sont là pour déclencher une prise de conscience. La religion chez Maryse Condé, n’apaise pas les angoisses. Elle n’est pas non plus source d’espoir et de consolation. Quant à la prière, elle apparaît davantage comme un cri de révolte. Cette vision de la société par le biais de la religion, ne traduit-elle pas tout simplement le regard d’une Antillaise sur ses congénères?