Alexandre Cioranescu

Moroeni (Roumanie) 1911 - Tenerife (Espagne) 1999

 

C’est en 1948 qu’Alexandre Cioranescu s’est établi à Tenerife pour se lancer dans une nouvelle aventure personnelle et académique qui devait durer jusqu’à sa mort. Ses immenses connaissances et sa capacité de synthèse tout autant que sa ténacité, son humilité et sa simplicité ont fait de lui un des derniers hommes capables d’incarner le savoir intégral au sens que l’on donnait à la Renaissance à cette expression, c’est donc un humaniste. Ses quelques quatre cents publications en donnent foi. Son œuvre embrasse des sujets aussi divers que l’histoire roumaine, canarienne et américaine, la littérature italienne, roumaine, française, espagnole et canarienne, la traduction ou la recréation littéraire. Tout cela a fait d’Alexandre Cioranescu un maître dans le domaine de la recherche historique et philologique.

Son «oeuvre canarienne» est bien connue (ses travaux historiques et littéraires, ses études sur les chroniques françaises de la conquête des îles ou sa monumentale Historia de Santa Cruz de Tenerife), mais il nous incombe à présent de mettre en avant son activité de spécialiste de la littérature française et de la littérature comparée. Il suffit de signaler, à titre d’exemples, quelques-uns de ses écrits les plus admirables dans ce domaine, toujours indispensables, par ailleurs, pour tout travail de recherche: L'Arioste en France, des origines au XVIIIe siècle (Paris, 1938; Turin, 1963), Vie de Jacques Amyot, d'après des documents inédits (Paris, 1941), Estudios de literatura española y comparada (La Laguna, 1954), El barroco o el descubrimiento del drama (La Laguna, 1957), Bibliographie de la littérature française du XVIe siècle (Paris, 1959), Principios de literatura comparada (La Laguna, 1964), Bibliographie de la littérature française du XVIIe siècle (Paris, 1966-67; 1970), Bibliographie de la littérature française du XVIIIe siècle (Paris, 1969), L'Avenir du passé. Utopie et littérature (Paris, 1972), Bibliografía franco-española, 1600-1715 (Madrid, 1977), Le masque et le visage. Du baroque espagnol au classicisme français (Genève, 1983), Los hispanismos en el francés clásico (Madrid, 1987), etc.

L’œuvre immense de Cioranescu a été, bien sûr, saluée dans les milieux scientifiques mais elle lui a aussi valu de nombreuses distinctions attribuées par diverses institutions académiques et civiles : Le prix Gustave Brunet de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres de Paris (1960), les Palmes Académiques (France, 1960), Chevalier de l'Ordre National du Mérite (France, 1971), Fils adoptif de la ville de Santa Cruz de Tenerife (1978), Officier de l'Ordre National du Mérite (France, 1980), Docteur Honoris Causa de l’université de La Laguna (1990). Il est également membre honoraire de plusieurs sociétés scientifiques en Espagne, au Brésil, en Roumanie, en France et aux États-Unis.

La majeure partie de la brillante production d’Alexandre Cioranescu a été écrite dans l’île de Tenerife et c’est à partir de cette île, qui, comme il l’a dit lui-même à maintes reprises, lui a offert une chaleureuse hospitalité, qu’elle a eu une résonance internationale. Pour Cioranescu, Tenerife fut une île ouverte qu’il a contribué à agrandir grâce à ses travaux. Voilà pourquoi le département de philologie française et romane de l’université de La Laguna, en remerciement pour son magistère durable et intense, a voulu dédier ce colloque à sa mémoire et l’a intitulé Île ouverte: Symposium international à la mémoire d’Alexandre Cioranescu.